American Ballet au Chatelet

Nous avons eu la chance d'assister à une représentation du American Ballet Theatre hier soir au Chatelet.

Le spectacle comportait quatre chorégraphies d'époques et de styles variés. La première "Drink to Me Only with Thine Eyes" est une chorégraphie de 1988 sur des variations au piano de Virgil Thomson. Les groupes se forment et se défont, jusqu"à devenir trios ou duos. Plutot énergiques, les mouvements s'achèvent à peine et s'enchaînent sans grace.

La chorégraphie suivante est la plus jolie de toutes, Le spectre de la Rose de Mikaïl Fokine. Presque 100 ans après sa création par les Ballets Russes, le morceau reste moderne et enchanteur. Herman Cornejo, l'un des danseurs principaux de la troupe, fait preuve de virtuosité tout au long des enchainements. Ses sauts, en particulier, sont spectaculaires de force et de grace mélangées, atteignant cette illusion du ballon, comme suspendu dans les airs. On reste attaché à ses moindres mouvements et l'ensemble s'achève parfaitement. Le public lui a fait un triomphe.Angel Corella, autre danseur phare de la troupe, était le Prince dans le pas de deux de l'acte III du Lac des Cygnes par Marius Petipa, le Cygne Noir. Ce morceau, beaucoup plus classique, collait idéalement au danseur, tout en grace. La chute, toujours spectaculaire de difficulté, enchainant sauts et pirouettes à toute vitesse, a été très applaudie. Enfin le spectacle s'est terminé sur The Green Table, une chorégraphie de 1932 de Kurt Jooss. Ecrite en réaction à la première guerre mondiale, les huit tableaux mettent en scène la mort, seul personnage neutre, recoltant son dû dans les deux camps adverses. Les soldats, les réfugiés, les veuves, les partisans, tous finissent emportés par elle, dans le soulagement et la peur. Isaac Stappas campe une mort gratuite, mécanique et sans discernement extrêmement inquiétante. Le tout, très sombre, émouvant et dérangeant, se clot sur le ballet des diplomates, déclarant la fin de la guerre, très satisfaits d'eux mêmes.

Nous sommes impatients de voir les Ballets de Monte Carlo, en Juin. On vous racontera!