9 juin 2013

Il y a dans chaque affinité des valeurs reconnues. Elles se combinent parfois en une harmonie si pure, si saine, qu'elles sont comme le reflet d'un idéal inachevé.

La première fois que j'ai lu la phrase qui ouvre "Le Pèlerinage aux Sources" de Lanza del Vasto, j'ai su que j'avais trouvé cet équilibre calme et puissant. Ma découverte serait rassérénante. Cette impression ne m'a pas quitté au fil des relectures et le Pèlerinage aux Sources est progressivement devenu mon retour à la sérénité.

"Le voici celui qui vient de débarquer : tout seul, tout blanc, tout honteux, tout désemparé, harcelé par ceux qui vendent, par ceux qui promettent, par ceux qui implorent, par ceux qui veulent le mener au temple de Bouddha ou à la maison des femmes.
Il traverse comme en rêve le foule coloriée aux masques sombres, longe au hasard les mesquins portiques de la ville. S'en détourne et descend pas à pas vers la grève.
Il regarde fumer sur l'horizon le bateau qu'il a quitté, dernier fragment d'un monde hors duquel il n'y a plus pour lui q'un futur vide de toute image. Ses pieds accoutumés déjà aux planches sentent vaciller sous eux la terre ferme. Le croassement perpétuel des corbeaux creuse la distance. D'un bosquet d'arbres aux verdures luisantes s'élèvent des plumets d'étamines aux pointes roses ; mûres, les fleurs tombent l'une après l'autre.
 (...) Les pieds frais de mon enfance me sont revenus dans cette écume où je patauge."
 
 

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