26 juin 2013


"A stimuler les trafics qui sont des risques, à créer des besoins qui sont des manques, à pousser à la hâte qui est un trouble, on ne peut aboutir qu'au plus grand désordre.
Il faut satisfaire aux besoins irréductibles par la voie la plus directe et la plus sûre, régler le labeur et l'échange, éliminer l'agitation et l'inquiétude, débarrasser l'homme des systèmes artificiels compliqués et vulnérables, le contenter et surtout l'affranchir.

Que l'homme reste toujours plus grand que ce qu'il fait, plus précieux que ce qu'il a.

Si les gens d'aujourd'hui ne se sont pas convaincus du caractère fâcheux d'un système qui les a menés de crise en krach, de faillite en révolte, de révolution en conflagration ; qui gâte la paix, la rend affairée et soucieuse ; qui fait de la guerre un cataclysme universel, presque aussi désastreux pour les vainqueurs que pour les vaincus ; qui ôte son sens à la vie et sa valeur à l'effort ; qui consomme l'enlaidissement du monde et l'abrutissement du peuple ; si les gens d'aujourd'hui accusent n'importe qui des grands maux qui les accablent, en attribuant la cause à n'importe quoi plutôt qu'au développement de la machine, c'est qu'il n'est pas de sourd mieux bouché que celui qui ne veut rien entendre.
Il faut que la puérile admiration pour les brillants jouets qui les amusent, il faut que l'exaltation fanatique pour l'idole qu'ils se sont forgée, et à laquelle ils sont prêts à sacrifier leurs enfants, leur ait tourné la tête et fermé les yeux à l'évidence pour qu'ils continuent d'espérer du progrès indéfini de la machine l'avènement d'un âge d'or."
Lanza del Vasto
Le Pèlerinage aux Sources
1943 

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