BABEL

PG: Babel est un film fort, sur l'incommunicabilité, l'interdépendance et l'Absurde. On y retrouve "Ce monde et cet esprit arc-boutés l'un contre l'autre sans pouvoir s'embrasser" que décrit Camus. Les personnages, déjà blessés par la vie, se trouvent aux prises avec des événements sans logique, et qui les dépassent. Là où chacun croit être la victime des circonstances, tous ignorent qu'ils dépendent en réalité de la réflexion des autres. Là où chacun croit faire preuve de bon sens, tous ignorent que leurs raisons sont incompatibles entre elles. Ainsi les sensibilités se heurtent et s'annihilent entre elles, causant des dommages irréparables.
Des trois histoires (marocaine, méxicaine et japonaise) qui s'entremêlent, aucune ne peut être envisagée sans les autres. C'est cette interdépendance, que les bouddhistes reconnaitront, qui fait luire une lueur d'espoir. Car ce qui la rend violente, c'est l'incompréhension et les préjugés. Ils règnent tout au long du film, et jusque dans la perception du spectateur. Mais la connaissance de cette interdépendance est aujourd'hui indispensable. Elle n'est plus réservée à la géopolitique ou à l'environnemnent ou, plutôt, il n'est plus possible de s'envisager hors de ces deux sphères. Le plus difficile reste de savoir parfois suspendre son jugement à temps et d'accepter de faire preuve d'ouverture d'esprit pour mieux comprendre les enjeux. Peut-être alors que l'Absurde (incompréssible) sera une chance pour tous.

JMT : Les Goden Globes viennent de récompenser Babel, un film qui met en évidence les peurs et les maux de notre société hypermédiatisée et hypracommunicante. A travers trois histoires sur trois continents, le scénario démontre à quel point nous sommes dans un monde "où on ne se comprend pas". Chacun réagit selon ses a priori et ses craintes, formatés par des mécanismes politico-médiatiques. Nos cultures se heurtent, nos pensées ne s'accomodent pas et chacun se sent dans son bon droit. Tout au long du film le réalisateur porte un regard compatissant sur les relations humaines, c'est cette dimension qui rend les personnages si émouvants et l'histoire si attachante. On peut faire un triple souhait pour ce film et son équipe : 1 - obtenir l'oscar du meilleur film ; 2 -rencontrer un large succès public (malgré une diffusion réduite en salle) ; 3 - ouvrir la conscience vers davantage de tolérance et de compréhension mutuelle.